Solennité du Christ-Roi – Messe du 22 Novembre 2020

Solennité Christ-Roi de l'Univers - Messe du 22 Novembre 2020 - Catholiques Porte Nord Strasbourg Mundolsheim

Solennité du Christ-Roi – Messe du 22 Novembre 2020

Homélie pour la solennité du Christ Roi 2020

Peut-être trouvez-vous un peu effrayante cette dernière phrase de l’évangile d’aujourd’hui : « Et ils s’en iront, ceux-ci au châtiment éternel, et les justes, à la vie éternelle. »

Déjà dimanche dernier, l’évangile se terminait ainsi au sujet du serviteur paresseux qui n’avait pas fait fructifier son talant : « Jetez-le dehors où il y a des pleurs et des grincements de dents. »

Cela rappelle un peu l’époque où les prédicateurs entretenaient les gens dans la peur en les menaçant des flammes de l’enfer s’ils s’écartaient du droit chemin…

Aujourd’hui, la scène du jugement dernier dans la chapelle Sixtine du Vatican ou représentée sur les cathédrales fait plutôt sourire…

D’ailleurs, qui se soucie encore de son « au-delà » ? En ce moment, en plein confinement, il n’est question d’une seule chose dans les commentaires des journalistes : le « Black Friday » !

Eh bien, c’est précisément dans ce qui fait « notre aujourd’hui », souvent marqué par tout ce qui est matériel et le bien être immédiat, que Jésus veut attirer notre attention.

Pourquoi ? Mais parce que « notre aujourd’hui », c’est-à-dire, notre comportement de chaque instant, les petites choses de la vie, c’est ce qui est le plus important pour Dieu !

Entendons bien l’évangile de ce jour, quand Jésus dit : « Ce que vous avez fait aux plus petits d’entre les miens, qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ! »

« Ce que vous avez fait… », les événements les plus quotidiens, les plus banals, les plus ordinaires de la vie, tous ces petits faits et gestes qui passent inaperçus, qui semblent insignifiants : un verre d’eau, une tranche de pain, une visite, un coup de pouce, un petit mot gentil…

Bien sûr, devant les grands drames humains, les catastrophes planétaires, nous nous sentons bien petits et impuissants. Ces détresses nous dépassent, sont démesurées par rapport à nos petits moyens.

Dieu le sait et ils ne nous rend pas responsables, pour autant il ne nous dispense pas de réagir à notre niveau, chacun selon nos possibilités et disponibilités. Ce que Dieu n’accepte pas, c’est l’indifférence, le laisser faire face aux détresses qui sont à notre porte : un sourire refusé, un regard fuyant, une main qui se referme, une parole qui décourage… C’est la deuxième partie de l’évangile : « Ce que vous n’avez pas fait… »

Au contraire, Dieu nous montre que c’est la multiplicité de nos petits gestes,  cent fois, mille fois répétés chaque jour, qui rendra le monde meilleur, fera fleurir la paix, éteindra les foyers de violence, guérira les blessures et créera du bonheur…

Une nouvelle fois, nous entendons la voix du Christ qui dit : « Il ne suffit pas de dire Seigneur, Seigneur pour entrer dans le Royaume de Dieu, mais il faut faire sa volonté. » La foi n’est pas mystique, elle est incarnée !

Le Pape François disait dernièrement dans un commentaire : « Notre prière trouve son aboutissement dans l’aide apportée à nos frères en difficulté. »

Quand on demande « Où est Dieu ? », un Saint Vincent de Paul ou une Sœur Emmanuelle répondait en leur temps : « Il est là dans l’affamé, l’assoiffé, le malade, le prisonnier, l’étranger, le pauvre sans vêtement. »

Quiconque croit que Dieu est amour doit chercher à faire de sa vie une vie d’amour. Quelle que soit notre religion ou notre incroyance, Dieu vient vers nous à travers ces petits auxquels il s’identifie et qui sont le visage de tous les humains que nous croisons, riches ou pauvres, qui nous demandent qu’on les traite avec dignité et respect.

Le récit de Matthieu ne nous renvoie pas simplement à nos frères et sœurs de la communauté chrétienne mais à tous les humains, quels qu’ils soient et d’où qu’ils soient !

Bien sûr, la société prend en mains bien des misères à travers un réseau d’œuvres sociales payées par l’Etat. C’est à cela aussi que servent les taxes et les impôts auxquels il nous faut contribuer. D’autre part, il y a tous ces bénévoles dans les associations caritatives qui, avec beaucoup de dévouement et de générosité, font un travail remarquable et qui fonctionnent grâce à nos dons.

Mais il restera toujours l’irréductible rencontre d’autrui, cet autrui anonyme qui tend la main, ou cet autrui familier qui dérange ma vie, comme cette femme qui m’a arrêtée l’autre jour dans la rue en me disant : « Je n’arrive plus à joindre les deux bouts, pouvez-vous m’aider ? »

J’ai beaucoup insisté sur la nécessité de donner, de venir en aide… Je voudrais ajouter, pour l’avoir souvent vécu, que le don n’est jamais à sens unique ! Celui qui donne, reçoit en retour ! Cela peut être un sourire, un regard qui s’illumine ou un mot de remerciement… Parfois plus lorsque celui ou celle qui a été secouru va à son tour secourir un autre. C’est la contagion de la charité !

Ne croyons pas que les pauvres nous sont redevables de notre générosité, c’est nous qui leur sommes redevables ! Nous leur apportons peut-être une aide matérielle, mais eux font de nous des hommes et des femmes meilleurs, plus humains !

Les chemins de Dieu passent par nos chemins et par les chemins de ceux dont il est dit dans l’évangile de ce jour : « Venez, les bénis de mon Père ! »

Soyons aussi une bénédiction les uns pour les autres, ainsi nous serons comblés de joie et de bonheur déjà dans notre vie présente.

Le Royaume de Dieu, c’est le monde transformé où il n’y a plus d’affamés, d’étrangers, de malheureux, parce que l’amour est roi !

Amen.

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